mai 5 2016

Air BNB – économie collaborative

Depuis plusieurs mois je suis avec plaisir l’activité et les différents articles relatifs à Air BnB et l’économie dite collaborative en général.

En effet, directement concerné par ce sujet en tant qu’hôtelier, il me paraissait logique de lire, écouter et observer les différents points de vue sur ce sujet qui devient sensible. Mais quelle logique suivre ? Que penser de tout cela ?

Mon article n’a pas pour but de donner des leçons, de polémiquer ou de juger l’opinion de chacun, mais simplement de vous faire part de mon ressenti et ma vision très personnelle de cette actualité qui entretien bon nombre de discussions voir disputes.

En préambule, lorsque je regarde aujourd’hui une bonne partie de l’économie collaborative, plusieurs idées me viennent. La première est qu’il faille tout simplement accepter l’évolution des moeurs, des modes de consommation voir de vision. En effet, avec tous ces atouts, internet a aussi son côté pervers. Nous vivons une révolution mais qui est silencieuse voir pernicieuse. La vitesse et l’évolution d’internet ne nous laisse pas toujours le temps de réaliser que les choses se sont déjà produites.

Mais quelle vision ai-je de l’économie collaborative. Souvent, j’ai l’impression d’assister à un nivellement vers le bas, voir de structurer la « débrouille » avec internet. De nombreux jeunes entrepreneurs ont crée des « starts ups », savent lever des fonds et exploiter une idée simple, originale. Mais tire t on vraiment les gens vers le haut ? J’ai le sentiment de voir une structuration du système « D » des pays de l’est avant la tombée du mur.

Vous n’avez pas d’argent pour vous déplacer ? Au lieu de faire du stop vous donnez quelques euros pour partager les frais de transport d’un automobiliste…

Vous souhaitez voyager pas cher, vous allez chez l’habitant et/ou échangez votre domicile qui devient un hébergement

Vous souhaitez amortir vos courses, vous faites « resto » chez vous

Alors, oui, c vrai qu’il y a un côté sympa et qu’il vaut mieux bien habiller la mariée ; la découverte, la rencontre, l’échange de culture … Toutes ces belles phrases pour en fait vendre ou amortir ses dépenses lorsque l »on est « juste ». Un peu comme les anciens pays communistes qui cherchaient simplement à survivre …

Un peu comme l’éducation nationale, qui après avoir sacrifié de nombreuses générations, préfère niveler vers le bas avec une réforme de l’orthographe plutôt que d’enseigner la beauté de notre langue et la richesse de notre culture. Pour beaucoup Molière et Corneille sont des rappeurs ….

Alors que vient faire Air BNB dans tout cela ?

Quelles sont selon moi les vrais causes de la difficulté de certains hôtels ?

De tout temps, nous avons connu les locations de meublés, les locations saisonnières. Pour partir en vacances, nos parents cherchaient via des agences immobilières, des offices de tourisme … des coordonnées pour louer un appartement, une villa. Et nous avons tous connu notre lot de bonnes et mauvaises surprises …

Air BnB est venu structurer, au niveau mondial et le tout en ligne, ces offres pour faciliter la possibilité de réservations de ces logements de particuliers. Est la le fond du problème ? Non, je ne le pense pas. Les quelques € de taxe de séjour changent ils quelque chose de fondamental ? Non plus.

De nombreux investisseurs se sont empressés d’acheter des appartements pour les louer non pas à l’année mais uniquement de façon saisonnière pour améliorer la rentabilité et surtout ne pas se retrouver avec des locataires compliqués à expulser lorsque ces derniers ne payent pas les loyers. Il est vrai que dans certaines villes, la quantité mise sur le marché a totalement déstabilisé ce marché de location de courte durée. En effet, dans des grandes villes, on trouve des T2 dans des quartiers sympas moins cher et plus confortables que des hôtels, et notamment à Paris, Marseille …

Mais est-ce  vraiment Air Bnb qui est responsable de la grogne des hôteliers même si cette nouvelle forme de concurrence peut déstabiliser un marché ?

Je suis dans la profession depuis 1989, et lorsque j’analyse la source de la baisse de rentabilité, je justifie cela de la façon suivante ;

  • Augmentation significative de la TVA passant de 5,5 à 10 % pour les hôtels
  • Baisse du prix moyen lié aux nouvelles formes de concurrence mais aussi au poids grandissant des comparateurs de prix. A Marseille le vrai prix moyen (pas celui diffusé par nos instances) est inférieur à ce jour qu’en 2007
  • Augmentation de la capacité hôtelière souvent à la demande d’élus qui rêvent de congrès, mais avec une offre non proportionnelle à la demande
  • Augmentation des charges
  • Mutuelle obligatoire
  • Mises aux normes de sécurité excessives avec souvent des « cow boys » exigeant des travaux irréalistes et ne se posant pas la question de la rentabilité
  • Idem pour les mises aux normes handicapés, alors que nous n’en recevons presque jamais. Cela ne choque personne de devoir perdre des chambres, tout casser pour s’adapter … Mais qui pense à la rentabilité et donc au maintien de l’emploi dans le temps
  • Difficulté d’avoir les moyens de rénover et de faire une très belle déco tant les charges et mises aux normes sont importantes
  • Augmentation du poste commission
  • Augmentation des matières 1ères …
  • ….

 

Alors, même si Air BNB peut déstabiliser un marché, il faut vraiment oser se poser les vrais questions et arrêter la politique nombriliste du politiquement correct. Il faut des vrais décisions, de vrais réformes et surtout écouter non pas des professionnels de la politique pour qui l’électoralisme prime, mais des personnes de la « vraie vie » qui apportent au quotidien, même à leur petite échelle, une légère contribution.

Lorsque nos syndicats cesseront de rêver à des postes pour les faire briller, peut être commenceront ils à faire avancer le « schmilblick » …

Coluche avait à l’époque très souvent raison, ses propos d’alors sont toujours aussi vrai…

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